Activité physique, génétique et lithiase rénale Quel lien ? // N° 145
La prévalence de la lithiase rénale a considérablement augmenté dans les pays industrialisés, passant de 7 à 15 % en Angleterre sur les 20 dernières années et augmentant de 6 % aux États-Unis en 30 ans. Les causes de cette augmentation sont multifactorielles, incluant l’augmentation des substances cristallines et/ou des macromolécules liées à des modifications nutritionnelles, ainsi que des facteurs métaboliques liés au stress oxydatif et inflammatoire au niveau du parenchyme rénal. Plusieurs études de cohortes ont pu montrer qu’une activité physique (AP) plus élevée est associée à un moindre risque de lithiase au long cours. Néanmoins, cette relation n’est pas toujours retrouvée d’autant que dans ces études, l’évaluation de l’AP est quantifiée grâce à des auto-questionnaires dont on sait que les résultats et la validité peuvent être variables.
La cohorte UK Biobank, composée de 500000 participants inclus entre 2006 et 2010, a permis une analyse approfondie de cette relation. Les participants ont fourni des profils biologiques et génétiques à l’inclusion et ont régulièrement rempli des questionnaires sur leur santé, leurs habitudes alimentaires et leur fréquence de consommation. En 2013-2015, 100000 participants de cette cohorte ont accepté de porter un accéléromètre pendant une semaine pour mesurer objectivement leur activité physique. Les données des participants ayant des antécédents de lithiase, des cancers, ou des données incomplètes ont été exclues de l’analyse.
Parmi les 80473 participants retenus (âge moyen de 55 ans, 44 % d’hommes), 461 ont développé une lithiase rénale au cours des 6 années de suivi. Une activité physique totale et soutenue a été associée à un moindre risque de lithiase. Les analyses par quartiles ont montré que les participants du quartile le plus actif (Q4) avaient un risque relatif de 0,5 comparé à ceux du quartile le moins actif (Q1). L’analyse de la prédisposition génétique pour la lithiase retrouve la relation avec le risque de lithiase. L’analyse stratifiée selon le risque génétique montre que le risque de lithiase est abaissé dans tous les groupes selon l’activité AP.
La force de cette étude réside dans l’utilisation de l’accéléromètre pour une mesure précise de l’activité physique, évitant les biais liés aux auto-questionnaires. En outre, la prédisposition génétique à la lithiase est incluse dans l’UK-Biobank.
En conclusion, cette étude montre que l’activité physique est associée à une diminution du risque de lithiase rénale, indépendamment de la prédisposition génétique. Les auteurs suggèrent que cette réduction du risque pourrait être due à une diminution du stress oxydatif et de l’inflammation ; la diminution du stress intrarénal et de l’inflammation associée aux macrophages diminuant le risque de cristallisation. Ces résultats soulignent l’importance de promouvoir l’activité physique pour prévenir la lithiase rénale, en particulier dans les populations à risque génétique.
Néphro.fr du 20 juin 2024.