Agressions à l’encontre des médecins En forte hausse ! // N° 149
Plus de 1587 déclarations de violences ont été enregistrées en 2023, contre 1244 l’année précédente. Soit une « hausse inédite » de 27 %, a déploré le Conseil national de l’Ordre des médecins lors d’une conférence de presse le 8 octobre dernier en France. Si la hausse est de 50 % sur deux ans, elle culmine à 148 % depuis le lancement de l’Observatoire en 2003, donc sur 20 ans.
Bien qu’en forte hausse, ces violences à l’encontre des médecins restent probablement sous-estimées. En effet, selon l’Ordre, « La grande majorité des médecins ne déclarent pas les incidents ».
Depuis le lancement de l’Observatoire de la sécurité des médecins, les généralistes, qui représentent 57 % des médecins en France, ont toujours été la spécialité la plus touchée par les violences. En 2023, 64 % des déclarations provenaient de généralistes et 36 % de médecins d’autres spécialités. Du côté des spécialités les plus touchées (hors généralistes), ce sont les psychiatres, les ophtalmologistes et les médecins du travail qui déclarent le plus d’incidents.
Et parmi les médecins victimes de violences, les femmes sont à l’origine de 56 % des déclarations alors qu’elles ne représentent que 50 % de la population de référence. Un chiffre stable par rapport à 2022.
Ce sont surtout les agressions verbales et les menaces qui sont en augmentation, représentant, en 2023, 73 % des déclarations (contre 66 % en 2019), contre 8 % d’agressions physiques, 8 % de vols ou tentatives de vol et 7 % de vandalisme. Pour autant, seuls 6 % des médecins agressés interrompent leur travail après un incident : 3 % des médecins victimes de violences s’arrêtent moins de 3 jours, 1 % entre 3 et 8 jours et 1 % plus de 8 jours. Des chiffres qui témoignent d’une minimisation des incidents par les praticiens. Toutefois, l’Ordre constate une volonté de certains praticiens de déplaquer après une agression. Une constatation pour l’instant encore non chiffrée.
Parmi les principaux motifs de violences figurent le sentiment d’une mauvaise prise en charge, les refus de prescription (médicament, arrêt de travail…), la falsification de documents, les temps d’attente jugés excessifs ou encore les vols. Et comme l’an dernier, c’est dans les Hauts-de-France que le plus d’incidents violents ont été rapportés, alors qu’en Corse, en bas du tableau, n’en rapporte qu’une.
Par ailleurs, il est à noter que 62 % des médecins victimes ne déposent ni plainte ni main courante. Seuls 31 % des médecins agressés déposent plainte, quand 7 % des praticiens se contentent d’une main courante. Or d’après l’Ordre, « Les mains courantes n’aboutissent pas à grand-chose, en portant plainte, cela permet aux conseils départementaux de se constituer partie civile et de porter assistance aux médecins auprès des tribunaux ».
AMP du 8 octobre 2024.