Asthme pédiatrique : Les recommandations européennes pour l’exploration diagnostique //N°112
Le diagnostic de la maladie asthmatique chez l’enfant peut être difficile et l’absence de démarche diagnostique claire peut conduire à un diagnostic erroné. Or, la plupart des recommandations édictées en matière de diagnostic ne distinguent pas les enfants des adultes, celles concernant ces derniers étant souvent extrapolées à la population pédiatrique. C’est pourquoi, une task force de la société européenne des maladies respiratoires (ERS, European Respiratory Society) a réuni professionnels de santé spécialisés et représentants de patients experts, afin de proposer les premières recommandations diagnostiques spécifiques aux enfants de 5 à 16 ans chez lesquels un asthme est suspecté. Ces recommandations, au nombre de 9, sont :
- La présence d’un sifflement, d’une toux et de difficultés à respirer ne doit pas être utilisée seule pour établir le diagnostic d’asthme même si ces symptômes, lorsqu’ils sont récurrents, constituent bien des signes clés de la maladie. Une toux chronique présente depuis plus de 4 semaines doit motiver des investigations à la recherche d’un diagnostic différentiel.
- L’amélioration des symptômes à la suite d’un test par traitement de fond ne peut être utilisée seule pour établir le diagnostic d’asthme, les données cliniques étant insuffisantes pour se prononcer pour ou contre cette assertion. Pour autant, ce traitement peut être tenté chez un enfant symptomatique et ayant une spirométrie ou une réponse au bronchodilatateur non satisfaisantes.
- Lorsqu’un asthme est suspecté, il est recommandé de réaliser une spirométrie à visée diagnostique. Des valeurs de VEMS1 (volume expiré maximal seconde) ou du rapport VEMS1/CVF (Capacité vitale forcée) inférieures à la limite basse de la normale ou à 80 % de la valeur prédite peuvent être considérées comme soutenant le diagnostic d’asthme. À noter que le test de CVF peut être difficile à réaliser correctement par certains enfants. Par ailleurs, une spirométrie normale ne permet pas d’exclure le diagnostic.
- Le test de réversibilité aux bronchodilatateurs est recommandé lorsque le diagnostic est suspecté sur la base de la spirométrie. Si le VEMS1 est améliorée au minimum de 12 % ou de 200 ml après avoir reçu un bêta 2-agoniste de courte durée d’action (400 µg), le diagnostic est confirmé. Cependant, une valeur inférieure ne l’exclut pas. Ce test semble notamment pertinent lorsque la spirométrie est normale alors que l’histoire clinique fait fortement suspecter l’asthme.
- La mesure de la fraction exhalée du NO (FeNO) est utile dans le cadre du bilan diagnostique de l’asthme. Ici encore, une valeur minimale de 25 ppb doit être considérée comme un élément soutenant le diagnostic, même si une valeur inférieure ne l’exclut pas.
- La variabilité du débit expiratoire de pointe (DEP) n’est pas recommandée comme test de première intention. Elle peut être utile en complément avec les autres tests, et interprétée sur la base de mesures multiples conduites au cours de 2 semaines consécutives, la valeur seuil étant établie à 12 % et une variabilité inférieure n’excluant pas le diagnostic.
- La recherche d’aéro-allergènes par prick tests et le dosage des IgE totales ou spécifiques ne sont pas recommandés pour établir le diagnostic de l’asthme.
- Les tests de provocation directe par la méthacholine sont recommandés lorsque le diagnostic d’asthme n’a pas pu être confirmé par les tests de première intention, la concentration provoquant une chute du VEMS1 de 20 % devant être inférieure à 8 mg/mL pour que le test soit considéré comme positif. Aucune recommandation n’a pu être établie en faveur ou en défaveur des tests de provocation à l’histamine.
- Enfin, les tests de provocation bronchique indirecte par exercice (tapis roulant, vélo) sont recommandés pour l’investigation d’enfants suspectés d’asthme et présentant des symptômes liés à l’exercice, lorsque le diagnostic n’a pas pu être confirmé par les tests de première intention. Une baisse minimale de 10 % du VEMS1 signe un test positif. Enfin, le test de provocation au mannitol peut être utilisé comme alternative au test d’effort, uniquement lorsque ce dernier ne peut être proposé.
Univadis from Medscape du 28 avril 2021.