Cancer du poumon Un vaccin thérapeutique prometteur ! // N° 137
Après le mélanome, le pancréas, les cancers ORL ou ano-génital HPV induit, à des stades précoces, c’est dans le cancer du poumon non à petites cellules avancé en deuxième ou en troisième ligne de traitement que l’essai de phase 3 Atalante-1 montre l’intérêt du vaccin Tedopi® (OSE2101) de la société nantaise OSE Immunotherapeutics. Il devient ainsi le vaccin thérapeutique contre le cancer le plus avancé dans son développement.
Le vaccin Tedopi® est composé de néo-épitopes tumoraux de synthèse (fragments de peptides) ciblant 5 antigènes tumoraux permettant l’activation des lymphocytes T spécifiques de la tumeur chez des patients HLA-A2 positifs. Dans 95 % des cas, les tumeurs expriment au moins 1 de ces 5 antigènes. Intégrer ces 5 antigènes a donc pour objectif d’éviter les phénomènes d’échappement. La technologie utilise le système dit « HLA », une des clés de la présentation d’antigènes aux lymphocytes T. Le vaccin est efficace chez les patients exprimant le gène HLA-A2, présent dans environ la moitié de la population qui peut être sélectionnée grâce à ce biomarqueur HLA-A2 identifié à partir d’une prise de sang.
Dans Atalante-1, les participants atteints de cancer bronchique non à petites cellules, localement avancé (non opérable et non éligible à la radiothérapie) ou métastatique sans altération des gènes EGFR et ALK étaient en échec d’une immunothérapie. Ils avaient un phénotype HLA-A2, déterminé par prise de sang, pour savoir si leur système immunitaire était capable de répondre au vaccin. Ainsi, 219 patients ont été randomisés (2:1) entre un bras vaccin et un bras standard qui consistait en une chimiothérapie (à 80 % du docétaxel). Le vaccin était injecté en sous-cutané toutes les 3 semaines 6 fois, puis toutes les 6 semaines jusqu’à un an puis à 12 semaines.
Le critère principal de l’étude était la survie globale.
Les résultats ont permis de montrer que les patients qui tiraient le plus de bénéfice du vaccin étaient ceux qui avaient répondu à l’immunothérapie auparavant. Globalement, les résultats n’étaient pas significatifs. Mais, les résultats portant uniquement sur les patients ayant bénéficié préalablement d’une immunothérapie pendant au moins 3 mois, soit 118 sur les 219 (54 %) patients se sont révélés positifs. Chez ces progresseurs secondaires [à l’immunothérapie], la médiane de survie était de 11,1 mois avec Tedopi® contre 7,5 mois avec docetaxel. Ainsi pour ces patients, le risque de décès a été diminué de 41 % avec le vaccin par rapport à la chimiothérapie. Au total, 44 % des patients vivaient encore un an après le début de Tedopi® contre seulement 27,5 % avec le docetaxel.
Par ailleurs, il a été rapporté 3 fois moins d’effets secondaires significatifs avec le vaccin qu’avec la chimiothérapie : 11,4 % avec Tedopi® contre 35,1 % avec le docetaxel. L’altération de l’état général des patients a été également retardé chez ceux qui recevaient le vaccin : 3,3 mois dans le bras chimiothérapie versus 9 mois dans le bras vaccin.
Le développement clinique de Tedopi® se poursuit actuellement avec trois essais.
Dans le cancer bronchique prétraité, une étude est en cours qui compare le vaccin Tedopi® plus docétaxel versus Tedopi® plus nivolumab (immunothérapie qui n’est pas utilisée en première ligne) pour évaluer si ces associations thérapeutiques peuvent potentialiser leurs effets.
Une autre étude est en cours de recrutement dans le cancer de l’ovaire. Elle vise à évaluer le vaccin seul ou en combinaison avec le pembrolizumab chez des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire sensible aux platines.
Des résultats sont attendus pour ces deux essais pour 2025.
Le troisième essai consiste à évaluer dans le cancer du pancréas, le FOLFIRI en maintenance ou le FOLFIRI en maintenance plus Tedopi® pour tenter d’améliorer le contrôle de la maladie. Des données d’efficacité sont attendues pour l’année prochaine.
À noter que le laboratoire travaille en parallèle sur un biomarqueur compagnon, le test HLA-A2.
Medscape du 13 septembre 2023.