Edito N° 102 // Juillet – Août 2020
La rage est connue depuis l’Antiquité. On doit à Aristote (322 avant J.-C.) et Celsus (100 avant J.-C.) les premières descriptions cliniques de la rage humaine et à Pasteur (1886) le 1er vaccin antirabique.
La rage est une zoonose, c’est-à-dire une maladie animale qui peut être transmise à l’homme. Elle provoque chez l’animal comme chez l’homme une encéphalomyélite constamment mortelle lorsqu’elle est déclarée. Elle fait partie des maladies à déclaration obligatoire.
Aujourd’hui, si elle a considérablement régressé en Europe occidentale grâce à l’application rigoureuse d’une prophylaxie active, elle reste une menace bien réelle sur plusieurs continents. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), la rage touche plus de 150 pays et tous les continents avec plus de 95 % des cas humains survenant en Asie et en Afrique (1 décès/10 minutes). Elle provoque également plus de 60000 victimes dans le monde chaque année dont 40 % ont moins de 15 ans, d’où l’inclusion de la rage dans la feuille de route de l’OMS pour les maladies tropicales négligées.
L’OMS, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et la GARC (Alliance mondiale contre la rage) se sont unies en 2015 pour adopter une stratégie commune : ramener à « zéro le nombre des décès humains dus à la rage d’ici 2030 » et former la collaboration « Tous unis contre la rage ».
Le Maroc où la rage est une zoonose majeure qui cause un véritable problème national de santé publique [400 cas par an de rage animale, 20 cas de rage humaine par an et une prophylaxie post-exposition (PPE) concernant 65000 personnes agressées en 2018], s’est basé sur l’approche et les recommandation de l’OMS : « un monde, une santé » et a créé depuis 1986, son Programme National de Lutte contre la Rage, revu et amélioré. Dans sa dernière version de 2018, il s’est fixé comme objectif à court terme : la réduction de l’incidence de la maladie de 50 % en 2021 et à long terme : l’élimination de la rage transmise par le chien vers 2025.
Pr Taoufik DOBLALI
Laboratoire de Microbiologie
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat