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Edito N° 115 // Octobre 2021

L’incidence des cardiopathies au cours de la grossesse est stable. La morbimortalité semble en diminution tout en restant préoccupante, ainsi que l’indique les deux derniers rapports triennaux anglais sur la mortalité maternelle. La prise en charge des cardiopathies au cours de la grossesse pose deux problèmes distincts.

Le premier correspond à l’évaluation et le suivi de cardiopathies préexistantes à la grossesse, qui peuvent être décompensées par les modifications physiologiques induites par cette dernière et le péripartum, car, face aux demandes métaboliques augmentées de la mère et du fœtus, la grossesse s’accompagne de nombreux changements hémodynamiques. Le débit cardiaque augmente, la fréquence cardiaque augmente également et progressivement pour devenir maximale dès la 32e SA. En raison du développement de la circulation placentaire à basse résistance et de médiateurs vasodilatateurs (NO, prostaglandines, prostacyclines), la pression artérielle diminue avec un nadir entre 18-26 SA, puis revient aux valeurs initiales en fin de grossesse. Le travail et l’accouchement lui-même sont associés à des changements hémodynamiques significatifs, dus à l’anxiété, l’exercice, la douleur, les contractions utérines, la position de la femme (décubitus latéral gauche versus dorsal) et les saignements. La plupart des paramètres hémodynamiques de la grossesse retournent à leurs valeurs initiales après deux semaines post-partum.

Le deuxième problème est le diagnostic et le traitement de cardiopathies apparues de novo, avec en première ligne les cardiopathies ischémiques, les dissections aortiques et la cardiomyopathie du péripartum (CMPP). La principale étiologie de défaillance cardiaque aiguë au cours de la grossesse reste la décompensation d’une cardiopathie chronique. Ce sont les cardiopathies congénitales qui en constituent les premières étiologies avec la quasi-disparition (sauf chez les migrants) des cardiopathies rhumatismales. La grossesse de ces patientes doit idéalement être planifiée afin d’optimiser le statut fonctionnel avant la conception. La prise en charge des décompensations cardiaques aiguës doit être multidisciplinaire pour permettre le meilleur compromis entre l’état maternel et le pronostic fœtal. Elle peut mettre en jeu, dans les formes les plus graves, les techniques interventionnelles (valvuloplasties), d’assistance circulatoire, voire de transplantation.

Dans ce numéro, nous allons mettre le point sur les risques de décompensation cardiaque en cas de cardiopathie maternelle préexistante à la grossesse, les modalités de prise en charge de ces patientes et enfin, nous aborderons les cardiopathies les plus fréquemment déclenchées par la grossesse ainsi que leur prise en charge.

 

Kourouma, O. Baroud, M. Achbbak, K. Fichtali, M. Benhassou, S. Bouhya

Service de Maternité Harouchi, CHU Ibn Rochd – Casablanca

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