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Edito N° 117 // Décembre 2021

« La médecine légale, ce pont lancé entre le droit et la médecine, participe à la sûreté de nos concitoyens et à l’indemnisation des victimes, tant pénales que civiles. Par son apport scientifique et indépendant, elle contribue de manière essentielle au progrès judiciaire et aux garanties qui le caractérisent. Médecine des morts mais combien davantage médecine des vivants, la Médecine Légale n’a cessé, ces dernières décennies, de s’ouvrir à de nouvelles disciplines, tout en constituant un ferment d’évolution pour la recherche scientifique ». On ne trouvera certainement pas une meilleure illustration du rôle crucial de cette jeune discipline qu’est la médecine légale dans la bonne administration de la justice que dans la citation ci-dessus du Procureur Général Français Marc Robert.

C’est là que Professeur Said Louahlia, considéré comme le pionnier de la médecine légale au Maroc, s’est illustré en œuvrant à l’inscription de la médecine légale dans la liste des spécialités en 1994, et en créant, dans la foulée, le 1er service hospitalo-universitaire de médecine légale en 1995. Les premières promotions de résidents en médecine légale ont pu accomplir leur parcours sous sa houlette et ont pu servir d’une manière autonome les différents coins du pays.

Le flambeau a été repris en 2005 par le Professeur Hicham Benyaich qui, tout en continuant l’œuvre de formation dans cette discipline, s’est attelé à lui donner une reconnaissance auprès des autorités judiciaires. Profitant du chantier lancé par sa Majesté le Roi Mohammed VI pour un dialogue national sur une réforme globale et profonde du système judiciaire, il a su convaincre les décideurs politiques de l’importance d’inclure la médecine légale dans le plan législatif élaboré du Ministère de la Justice, en tant qu’outil indispensable pour la modernisation de la justice pénale.

C’est ainsi que la loi 77-17 relative à l’organisation de l’exercice des missions de la médecine légale a pu voir le jour en 2020. Cette loi fixe les conditions et les règles régissant l’exercice de la médecine légale, les missions, les droits et les devoirs des médecins exerçant la médecine légale ainsi que les modalités selon lesquelles ils sont désignés par les autorités judiciaires compétentes.

Si cette loi constitue un grand pas vers l’amélioration des prestations médico-légales dans notre pays, plusieurs défis sont encore à relever par les différents intervenants dans l’activité médico-légale. En premier, on déplore l’absence d’une stratégie multi-sectorielle et concertée pour la promotion de la médecine légale auprès des futurs candidats aux différentes spécialités médicales, y compris par une revalorisation des prestations médico-légales. On regrette également l’absence de tout contrôle de la qualité des pratiques médico-légales telles que les certificats médicaux produits en masse chaque jour, les expertises judiciaires ou encore dans le cadre des autopsies. Il est certain que les juges ne peuvent exercer un contrôle efficient sur la qualité scientifique d’une prestation médico-légale. D’où l’importance d’établir et d’institutionnaliser des règles de bonnes pratiques pour ces différentes prestations.

 

Pr Abdellah DAMI

Chef de service de Médecine légale, CHU Mohammed VI – Marrakech

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