Edito N° 118 // Janvier 2022
Le Waqf, ou donation religieuse, trouve ses origines dans les traditions prophétiques. Il tire ses fondements de nombreux versets coraniques et hadiths exhortant les musulmans au don et à la bienfaisance. Dans certains pays arabes et plus spécifiquement dans les pays du Maghreb et l’Occident islamique en général, le Waqf est connu sous le terme « HABOUSS ».
La Faculté de Médecine, de Pharmacie et de Médecine dentaire de Fès a accueilli les 24 et 25 novembre 2021, le 9e congrès de Fès sur l’histoire de la Médecine. Cette 9e édition était consacrée à la contribution du Waqf pour promouvoir la couverture sanitaire selon l’expérience marocaine en comparaissant avec celles d’autres pays musulmans.
Le « Allem », Dr Mustapha BENHAMZA, Président des Oulémas d’Oujda, a appelé à la nécessité de rénover dans la culture du Waqf. « Il est temps d’orienter les actions du waqf sur les nouveaux besoins de la société qui évoluent de façon vertigineuse, notamment dans le domaine de la santé », a crié haut et fort cet érudit dans les questions religieuses. « Oui à la construction des mosquées grâce au waqf, mais également OUI à la construction d’hôpitaux ou autres établissements de couverture sanitaire grâce au waqf » a tenu à préciser Dr BENHMAZA.
Le meilleur exemple de l’utilisation du Waqf dans le domaine de la santé a été donné par la présentation du Pr Tariq SQALLI HOUSSAINI, Chef du service de Néphrologie-dialyse du CHU de Fès et Président de l’Association ISSAAD.
En effet, « L’ère honteuse d’une liste d’attente pour bénéficier de la dialyse à Fès et régions est révolue. Grâce à des donateurs anonymes, Fès vient de se doter d’un grand centre de dialyse pour les nécessiteux qui ne peuvent bénéficier de cette alternative thérapeutique vitale ni dans le public ni dans le secteur libéral », a scandé Pr SQALLI avec humilité et fierté.
Les expériences réussies d’Al Waqf dans le domaine de la santé, présentées par d’autres pays musulmans, comme celles des Émirats arabes unis, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, le Koweït ou la Tunisie, montrent qu’il est urgent pour le Royaume du Maroc, d’entamer sa révolution culturelle et managériale d’Al Waqf.
Le Koweït par exemple a dressé une liste des besoins en santé et a demandé aux donateurs d’y répondre. Cette manière de faire a profité à des nécessiteux à l’intérieur du pays et pour d’autres pays musulmans.
À l’heure de la couverture maladie obligatoire, il est temps de lancer une réflexion profonde sur la place que pourrait prendre le Waqf pour accompagner et consolider ce grand chantier socio-économique. Cela passe impérativement par la publication de nouvelles lois pour adapter Al Waqf aux nouveaux besoins de la santé marocaine et surtout de faciliter la tâche à de nouveaux donateurs. Car, il faut le dire, aujourd’hui, un donateur peut renoncer à son geste généreux, à cause de freins administratifs.
Dr Anwar CHERKAOUI
Médecin journaliste