Edito N° 132 // Avril 2023
Le cancer de la prostate est globalement la 5e cause de décès liée au cancer chez les hommes. Il est devenu le cancer le plus fréquent chez les hommes ces 2 dernières décennies. Le cancer de la prostate métastatique demeure une maladie incurable. Néanmoins, les progrès récents ont indéniablement contribué à améliorer la survie des patients et leur qualité de vie.
La démarche diagnostique est bien codifiée depuis longtemps. Histologiquement, le diagnostic est établi sur des biopsies transrectales écho-guidées ou parfois même IRM-guidées. L’IRM multiparamétrique est le meilleur examen d’imagerie morphologique pour le bilan d’extension locale de la tumeur et pour la recherche de récidive locale. Ces performances sont toutefois sous-optimales dans certaines conditions.
L’imagerie métabolique par tomographie par émission de positrons (TEP) utilisant différents traceurs a émergé depuis plusieurs années dans le bilan d’extension du cancer prostatique, elle semble très prometteuse car elle prend en compte les caractéristiques biologiques des cellules cancéreuses et donc l’hétérogénéité de ce cancer. Un staging plus précis de la maladie permettrait ainsi un traitement optimal, voire personnalisé devant l’essor des thérapies ciblées.
Le traitement du cancer de la prostate peut comprendre une chirurgie, une radiothérapie, une hormonothérapie, une chimiothérapie ou une combinaison de traitements.
Près de 10 % des cancers de la prostate hormono-sensibles sont diagnostiqués à un stade métastatique plus agressif, engendrant un mauvais pronostic pour les patients. Le traitement standard a longtemps reposé sur des médicaments d’hormonothérapie classique visant à empêcher la production de la testostérone (suppression androgénique). Après plusieurs décennies sans réels progrès pour ces patients, l’addition de plusieurs traitements a amélioré le pronostic des hommes atteints de cette pathologie. L’utilisation d’hormonothérapies de nouvelle génération (acétate d’abiraterone, apalutamide, enzalutamide) seules ou concomitant avec la chimiothérapie par docétaxel a complétement changé la donne.
En phase de résistance à l’hormonothérapie, les cancers de la prostate avancés connaissent des défaillances dans les voies de réparation de l’ADN et certaines de ces défaillances affectent les gènes connus pour sensibiliser les tumeurs aux inhibiteurs de PARP (poly-ADP-ribose-polymérase-1). Ces derniers ont démontré une activité anti-tumorale pour les cancers de la prostate métastatique hormono-résistant, avec altération de BRCA après échec des traitements standards.
Ce dossier se concentrera sur l’état actuel et les défis dans le staging et traitement précoce et progressif du cancer de la prostate, couvrant des sujets allant de la recherche fondamentale et des développements techniques à des cibles nouvelles et émergentes spécifiques dans le management des patients atteints de cancer de la prostate.
- AMAADOUR, S. BERRAD, K. OUALLA, Z. BENBRAHIM, S. ARIFI, N. MELLAS
Service d’oncologie médicale, CHU Hassan II de Fès, Université Sidi Mohammed Benabdellah – Fès