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ESC 2022 Mortalité cardiovasculaire plus élevée chez les consommateurs de drogues ! // N° 126

On le sait, l’usage de drogue est associé à des événements cardiovasculaires aigus, y compris des infarctus du myocarde (IDM) et des dissections aortiques, mais la prévalence de la consommation de drogues chez les patients admis en soins intensifs cardiologiques, et les conséquences à court terme, n’étaient pas connues.

Partant de ce constat, des chercheurs français de l’hôpital Lariboisière – Paris, ont souhaité évaluer la prévalence de la consommation de drogues illicites et l’association avec la survenue d’événements indésirables majeurs (EIM) à l’hôpital chez des patients admis pour des événements cardiovasculaires aigus. Les résultats de cette étude ont été présentés lors du Congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC 2022) qui s’est déroulé en septembre dernier à Barcelone.

C’est ainsi qu’entre le 7 et le 22 avril 2021, tous les patients admis en soins intensifs cardiologiques dans 39 centres en France ont fourni un échantillon d’urine pour une recherche toxicologique. Au total, 1499 patients ont été examinés, dont 70 % d’hommes. L’âge moyen était de 63 ans. Les causes de l’admission étaient l’IDM, l’insuffisance cardiaque aiguë, les arythmies, la myocardite ou l’embolie pulmonaire.

Il est ressorti des analyses que 161 patients (10,7 %) avaient un test positif pour au moins un stupéfiant dont 9,1 % pour le cannabis, 2,1 % pour les opioïdes, 1,7 % pour la cocaïne, 0,7 % pour les amphétamines et 0,6 % pour la MDMA (ecstasy).

Un tiers (33 %) des patients de moins de 40 ans étaient des consommateurs, contre seulement 6 % de ceux âgés de 60 ans ou plus. Environ 12 % des hommes étaient consommateurs de drogues contre 8 % des femmes. Tous les patients ont rempli un questionnaire dans lequel il leur était demandé s’ils consommaient des drogues illicites. Parmi les personnes dont le test urinaire de dépistage de drogue était positif, 56,5 % seulement ont déclaré être des consommateurs tandis que 43,5 % ont déclaré ne pas consommer de drogue.

Au cours d’une hospitalisation médiane de 5 jours, 61 patients (4,1 %) ont été victimes d’un événement indésirable majeur. La consommation de drogues illicites était associée à un risque presque 9 fois plus élevé d’EIM après ajustement pour les comorbidités (RR= 8,84 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 4,68-16,7 ; p<0,001). Après ajustement en fonction de l’âge et du sexe, l’usage de cannabis était associé à un risque plus que triplé d’événements (OR=3,53 ; IC à 95 % 1,25-9,95 ; p<0,001), tandis que la cocaïne était associée à un risque 5 fois plus élevé (OR=5,12 ; IC à 95 % 1,48-17,2 ; p=0,004). Il a été également noté que la consommation de plusieurs drogues (28 %) était associée à un risque plus élevé d’EIM par rapport à l’utilisation d’une seule drogue (RR=11,4 ; IC 95 % : 4,31-32,7 ; p<0,001).

Aussi, les consommateurs admis pour un infarctus du myocarde avec surélévation du segment ST (STEMI) et une insuffisance cardiaque aiguë présentaient des risques particulièrement élevés de décès, d’arrêt cardiaque ou de choc cardiogénique, avec des Odds ratio (OR) de 28,8 et 12,8, respectivement.

C’est pourquoi les auteurs suggèrent que les patients admis en unité de soins intensifs de cardiologie devraient être soumis à des tests de dépistage de drogues afin d’identifier ceux qui ont une probabilité accrue d’être victimes d’événements cardiaques aigus.

 

Medscape du 19 septembre 2022, d’après Étude présentée au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) 2022, Barcelone septembre 2022

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