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ESMO 2022 Un risque de cancer qui se respire ! // N° 126

 

En analysant les données de la Biobanque du Royaume-Uni (UK Biobank), des chercheurs ont confirmé que l’exposition aux PM2,5 est associée à 7 types de cancer, dont le cancer du poumon (CP). Il a été constaté que l’exposition à des niveaux croissants de PM2,5 était liée à une incidence accrue de CP avec mutation du récepteur du facteur de croissance épidermique (Epidermal Growth Factor Receptor, EGFR) en Angleterre, en Corée du Sud et à Taïwan (à noter que les mutations de l’EGFR sont 4 à 5 fois plus fréquentes dans le cadre du cancer du poumon chez les personnes n’ayant jamais fumé [CP-PJF]). Des expériences in vivo et in vitro ont montré que les PM2,5 favorisent le CP chez les souris présentant des mutations préexistantes de l’EGFR ou de KRAS, et qu’elles induisent un état semblable à celui des cellules souches cancéreuses dans les cellules épithéliales. En analysant le tissu pulmonaire normal de personnes n’ayant jamais fumé et de souris après une exposition aux PM2,5, les auteurs ont constaté que la pollution atmosphérique induit l’expression de l’IL-1β à partir de l’épithélium pulmonaire et des macrophages alvéolaires.

Un anticorps anti-IL-1β a inhibé le cancer induit par la pollution dans un modèle murin présentant une mutation de l’EGFR. Enfin, un profilage ultraprofond a révélé des mutations de l’EGFR (15 %) et des mutations activatrices de KRAS (53 %) dans des échantillons de tissus pulmonaires normaux ; les mutations oncogènes ont augmenté avec l’âge.

Selon les auteurs, « il faut deux étapes pour déclencher une tumeur : un événement déclencheur, dont nous savons maintenant qu’il s’agit d’une mutation, et un événement promoteur. C’est ainsi que fonctionne la pollution atmosphérique ». « La libération d’IL-1β a un effet transitoire sur l’épithélium. Elle crée un groupe de cellules progénitrices et, si une cellule porte une mutation oncogène, alors la tumeur peut se former ».

Les investigateurs distinguent alors 2 implications de ces nouvelles découvertes ; la première étant un impératif de santé publique de réduction des PM2,5, mais s’il n’est pas possible de le faire rapidement, il faudra commencer à cibler les voies du réseau inflammatoire qui favorise l’expansion des cellules progénitrices dans le poumon, et ce afin d’éviter l’apparition de cancer de poumon induit par la pollution.

 

Medscape du 14 septembre 2022, d’après Étude présentée au Congrès de la Société Européenne de l’Oncologie Médicale (ESMO) 2022, Paris septembre 2022

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