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HTA & chronobiologie : Faut-il traiter le soir ? //N°112

 

 

On le sait, la pression artérielle diminue habituellement de 10 à 20 % durant la nuit, mais d’après les scientifiques, près de 40 % des personnes présentant une HTA ne bénéficient pas de cette baisse et ont de fait un risque cardiovasculaire accru. Chez ces patients, l’idée d’administrer les médicaments antihypertenseurs le soir, notamment en cas de traitement à prise unique, pourrait-elle être intéressante, tout en limitant les risques d’effets secondaires (hypotension orthostatique) ?

Pour répondre à cette question, des auteurs ont conduit une revue systématique de la littérature et méta-analyse. Cependant, à partir des 8591 publications identifiées et des 34 articles passés en revue in extenso, seules 2 correspondaient à des études cliniques randomisées comparant un même traitement antihypertenseur pris entre 6 et 12 heures le matin ou entre 18 et 0 heure le soir. Les données des deux études sélectionnées -Hygia et MAPEC- n’ont pas été poolées du fait de la différence de taille des deux cohortes (19084 contre 2156 patients).

En moyenne, les patients avaient entre 55 et 60 ans et avaient une PA de 150/85 mmHg avec un faible risque cardiovasculaire. Les deux essais ont montré une diminution significative des événements cardiovasculaires majeurs dans le groupe traité au coucher par rapport au groupe traité le matin (hazard ratio (HR) entre 0,41 [0,27-0,62] et 0,57 [0,53-0,61] selon l’étude). Par ailleurs, la mortalité toutes causes confondues et la mortalité cardiovasculaire étaient respectivement réduites : HR 0,43 [0,22-0,85] à 0,52 [0,45-0,59] et de 0,22 [0,06-0,75] à 0,40 [0,32-0,52].

La PAS nocturne était significativement plus faible pendant le sommeil de 3,7 à 5,2 mmHg, et le nombre de patients ne présentant pas de diminution nocturne de la PA était réduit de 12 à 18,6 % lorsque le traitement était nocturne.

La fréquence des événements indésirables était identique dans les groupes traitement matinal ou traitement nocturne (respectivement 6,7 % et 6,0 %, p=0,06). Un très petit nombre de cas d’hypotension nocturne a été rapporté avec seulement 0,3 % dans chacune des populations sans différence significative entre les deux (p=0,114).

Selon les investigateurs, « Les résultats de ces études sont en faveur de la mise en œuvre d’un traitement anti-hypertensif nocturne pour prévenir les maladies cardiovasculaires et la mortalité. Cependant, la validité et la méthodologie des essais MAPEC et Hygia sont débattues et l’interprétation des résultats doit être prudente ». Aussi, « l’intérêt d’un traitement le matin par rapport au soir en prévention des maladies cardiovasculaires doit être évalué par un essai contrôlé randomisé bien conçu », concluent les chercheurs.

 

Medscape du 10 mai 2021.

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