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Hypertension artérielle et chimiothérapie Quelles recommandations ? // N° 132

 

 

L’hypertension artérielle (HTA) est plus fréquente chez les patients traités pour un cancer que dans la population générale pour de multiples raisons : les molécules anticancéreuses peuvent avoir des effets « off-target » au niveau vasculaire et rénal ; de nombreux traitements de support (AINS, corticoïdes…) peuvent avoir des effets pressionnels délétères sur la pression artérielle ; et les conséquences du cancer sur la diminution d’activité, la mise au second plan des problématiques non oncologiques et la présence de douleurs chroniques peuvent être également des éléments favorisant une élévation de la pression artérielle.

Les principales molécules anticancéreuses pouvant favoriser une HTA sont :

  • les inhibiteurs de VEGF (bevacizumab, sorafenib, sunitib, axitinib, pazobanib, lenvatinib…) qui sont associés à une incidence d’HTA allant de 20 à 90 % ;
  • les inhibiteurs de BTK (Bruton’s tyrosine kinase) (ibrutinib, acalabrutinib), qui favoriseraient une HTA dans 70 % des cas ;
  • les sels de platines (cisplatine, carboplatine et oxaliplatine) qui sont associés à une incidence de l’ordre de 50 % d’HTA ;
  • et les inhibiteurs du protéasome (carfilzomib, bortezomib) qui sont pourvoyeurs d’HTA dans 10 à 32 %.

D’autres traitements anticancéreux ont été associés à l’HTA, avec des incidences plus faibles : agents alkylants, inhibiteurs de BRAF/MEK, inhibiteurs de RET, hormonothérapie, inhibiteurs de mTOR et anti-calcineurines.

Bien que la majeure partie du soin soit centrée sur la partie oncologique du patient, la prise en charge de l’HTA doit être conjointe pour éviter d’éventuelles complications cardiovasculaires. Une HTA non contrôlée dans le cadre d’un traitement par anthracyclines, ibrutinib et anti-VEGF, augmente significativement le risque d’insuffisance cardiaque.

Il ne faut pas hésiter à proposer des mesures ambulatoires (MAPA ou automesures) pour écarter une HTA blouse blanche. Les dernières recommandations proposent de traiter tous les patients qui présentent une hypertension de grade 2 (PAS >160 mmHg et/ou PAD >100 mmHg), même en cas de pronostic oncologique réservé. Dans le cadre d’une HTA de grade 1, le traitement de l’HTA doit être modulé en fonction du pronostic : il est proposé si la survie est estimée à plus de 3 ans ; envisagé si la survie est estimée entre 1-3 ans ; et il ne paraît pas raisonnable si la survie prévisible est inférieure à 1 an.

Quant aux traitements antihypertenseurs à privilégier, ce sont : les IEC/ARA II et les inhibiteurs calciques de type dihydropyridines. Il faut en revanche éviter en première intention les diurétiques thiazidiques favorisant une hypokaliémie et un allongement de l’intervalle du QT, et les inhibiteurs calciques bradycardisants en raison des interactions médicamenteuses fréquentes, avec risque de toxicité accrue ou d’inefficacité du traitement anticancéreux.

 

Cardio Online du 3 avril 2023

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