Les troubles hypertensifs gestationnels et risque d’HTA chronique ! // N° 117
On sait que les troubles hypertensifs en période gestationnelle (HTA préexistante, HTA gravidique, pré-éclampsie ou éclampsie) constituent un facteur de risque de développer une HTA chronique au cours de la vie. Mais le risque auquel les femmes sont exposées dans les toutes premières années suivant la naissance de leur enfant est mal établi. Une étude a été menée en France à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS) afin d’établir le risque des femmes primipares selon la survenue, la durée et la sévérité de l’hypertension en période gestationnelle.
La cohorte prospective CONCEPTION a été constituée à partir de toutes les femmes primipares (15-49 ans) sans diagnostic préexistant d’HTA ou comorbidités à risque cardiovasculaire spécifique, et qui avaient donné naissance à un enfant unique après la 22e semaine de grossesse, recensées entre 2010 et 2018 au niveau du SNDS. Parmi elles, ont été identifiées celles ayant développé une HTA au cours de leur grossesse. Le suivi a été mené jusqu’à fin 2018 afin de repérer celles qui développaient une HTA chronique.
Au total, 2.833.376 femmes primipares répondant aux critères d’inclusion ont été identifiées. Parmi elles, 6,73 % avaient souffert de troubles hypertensifs gestationnels, soit 4,27 % d’HTA gravidique, et 2,49 % de pré-éclampsie (dont 40,62 % au stade sévère).
Les résultats ont montré que la survenue d’une HTA chronique était plus rapide (dans les 3 années en moyenne suivant la naissance de l’enfant) et plus fréquente chez les femmes qui avaient eu des troubles hypertensifs gestationnels que chez les autres (HR ajusté 6,77 [6,64-6,90], p<0,0001), notamment celles ayant eu une pré-éclampsie (HRa 8,10 vs 6,03 après HTA gravidique). Ceci était particulièrement vrai lorsque les troubles avaient été sévères, précoces et avaient duré longtemps. Un suivi rigoureux des femmes concernées est donc important à mettre en place.
Eur Heart J du 13 octobre 2021.