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Pied diabétique infecté : Expérience du service d’endocrinologie de Casablanca // N° 148

 

L’infection du pied chez les diabétiques constitue un problème majeur de santé publique. Sa prise en charge doit être multidisciplinaire. Elle est non seulement à l’origine d’hospitalisations fréquentes, mais peut également mettre en jeu le pronostic vital et fonctionnel lorsqu’une amputation d’un membre inférieur est nécessaire.

L’objectif de l’étude était d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des pieds diabétiques infectés. L’étude, rétrospective et descriptive, a été menée au service d’endocrinologie et maladies métaboliques du CHU Ibn Rochd sur une période de 15 ans, de janvier 2008 à décembre 2023, incluant 656 patients diabétiques de type 1 ou 2, hospitalisés pour infection du pied diabétique. L’analyse statistique des données a été réalisée par le logiciel IBM SPSS 21.

Les résultats ont montré que l’âge moyen de nos patients était de 55±12,2 ans, avec une prédominance masculine chez 54 % des cas. La neuropathie diabétique était présente chez 74 % des patients, et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs chez 68 %. Les infections étaient classées selon la classification du Texas, de grade 1B chez 58 % des cas. La porte d’entrée prédominante était le mal chaussage chez 30,4 % des cas. La dermohypodermite non nécrosante prédominait à 49 %, l’ostéite était présente chez 26 % des patients, et 15 % des patients avaient un ulcère artériel. La prise en charge comprenait une antibiothérapie adaptée avec : céphalosporines de 3e génération chez 58 % des cas, amoxicilline-acide clavulanique chez 42 %, fluoroquinolones et métronidazole chez 30 % des cas, et aminosides chez 18 %, avec une trithérapie en cas d’ostéite. La durée moyenne était de 2 semaines pour les dermohypodermites simples non nécrosantes, et au moins 6 semaines pour les ostéites. Les pansements étaient essentiellement à base d’alginate en phase de détersion et de P. interface en phase de bourgeonnement. Les facteurs de croissance ont été utilisés chez 7 patients et le plasma riche en plaquettes chez 21 patients. La décharge était assurée par les chaussures de Barouk chez 58 % des cas. L’évolution était bonne chez 87,5 % des cas avec un délai moyen de cicatrisation de 52 jours.

En conclusion, le pied diabétique infecté est une complication grave qui impose une approche structurée avec une prise en charge urgente dans des structures spécialisées, impliquant une équipe multidisciplinaire.

 

 

 

Auteurs : M. IGGAR, NE. HARAJ, S. EL AZIZ, A. CHADLI

Service d’endocrinologie-diabétologie et maladies métaboliques, CHU Ibn Rochd – Casablanca

Laboratoire de Neurosciences Cliniques et Santé Mentale, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université Hassan II -Casablanca

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