Projet de loi sur les psychotropes : Les psychiatres inquiets ! // N° 113
Selon un communiqué de l’Association Marocaine des Psychiatres d’Exercice Privé (AMPEP), les médecins spécialisés en santé mentale sont inquiets quant au projet de loi concernant les modalités de prescription et de dispensation des médicaments à base de substances psychotropes à usage humain.
En effet, cette association déplore un projet de loi qui « stigmatiserait davantage » les personnes atteintes de maladies psychiatriques. D’après elle, « Non seulement la loi frôlerait le code de déontologie médicale, mais elle porterait aussi atteinte à leur dignité et à leurs droits les plus élémentaires… Nous serons un des rares pays, sinon le seul dans le monde, à avoir des lois discriminatoires envers les malades psychiatriques. »
Par ailleurs et toujours d’après l’AMPEP, « les individus qui en font un usage addictif ne sont généralement pas ceux qui vont vers les psychiatres. Ce sont ceux qui utilisent d’autres réseaux, notamment ceux des délivrances frauduleuses de certains anxiolytiques sans ordonnance ». Et d’ajouter que « généralement, les malades psychiatriques ont des pathologies chroniques (diabète, hypertension artérielle, maladie de Crohn, dysthyroïdie…) et ont besoin de prescriptions de longue durée, seules garantes de leur stabilité. Les obliger à consulter une fois par mois conduira à les obliger à arrêter leur traitement et à rechuter, ce qui alourdira le système d’hospitalisation en psychiatrie, milieu déjà défaillant et submergé ».
Enfin, l’AMPEP estime « disposer actuellement de lois suffisantes pour le contrôle des prescriptions médicales. Il existe déjà, comme partout dans le monde, le carnet à souches pour la prescription de certains produits ».
Maroc Hebdo du 09 juin 2021.