Rhumatismes inflammatoires et alimentation Les premières recommandations de la SFR ! // N° 132
Quelle alimentation recommander aux patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR), spondylarthrite ankylosante ou d’arthrite psoriasique ? Perte de poids, compléments en oméga-3, régime méditerranéen… Les diètes et les modifications de l’alimentation chez les personnes souffrant de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) sont une pratique courante.
En effet, un quart des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde développent des stratégies d’éviction alimentaire. Pour cette raison, la Société Française de Rhumatologie (SFR) en collaboration avec d’autres sociétés savantes a publié les 1res recommandations françaises sur l’alimentation des patients souffrant de RIC. Ces recommandations sont au nombre de 9.
1- Chez les patients en surpoids ou obèses, l’accompagnement vers une perte de poids pourrait être proposé pour contrôler l’activité du RIC.
2- Le régime sans gluten ne devrait pas être proposé pour le contrôle de l’activité du RIC, en l’absence de maladie cœliaque confirmée.
3- Le jeûne ou le régime végétalien ne devraient pas être proposés pour contrôler l’activité du RIC. En effet, les experts ne recommandent pas les régimes d’exclusion (végétarien/végétalien, sans gluten, Seignalet, Kousmine) car ils ne disposent d’aucune preuve solide de leur efficacité.
4- L’éviction des produits laitiers ne devrait pas être proposée dans la prise en charge des RIC. La littérature étant très pauvre sur ce sujet.
5- Une supplémentation en acides gras essentiels polyinsaturés, principalement oméga-3 (EPA+DHA>2 g/jour) peut être proposée à visée symptomatique aux patients atteints de PR et probablement d’autres RIC.
6- Une alimentation de type méditerranéen pourrait être proposée aux patients atteints de PR et probablement à ceux atteints d’autres RIC, en raison de ses effets symptomatiques articulaires et surtout cardio-métaboliques. Les données articulaires sont cependant issues d’une littérature de qualité médiocre.
7- Pour le contrôle de l’activité du RIC, il n’y a pas d’indication à proposer une supplémentation vitaminique (B9, D, E, K) ou en oligoéléments (sélénium et/ou zinc). L’ensemble des essais randomisés contrôlés est globalement négatif.
8- Les probiotiques ne sont pas conseillés pour contrôler l’activité du RIC, les données d’efficacité étant actuellement insuffisantes et hétérogènes.
9- Certaines supplémentations (safran, cannelle, ail, gingembre, sésamine, concentré de grenade) pourraient produire un effet bénéfique sur la PR mais les données sont trop limitées pour les proposer en pratique courante. Les essais sont de bonne qualité mais non répliqués, et avec de faible effectifs.
Selon les spécialistes, la « non-recommandation » est plus liée au manque de données qu’à la publication d’études négatives. Il faut donc rester à l’écoute des patients et de leur ressenti, et les accompagner dans leur démarche pour éviter les carences nutritionnelles. Le groupe de travail insiste sur le fait que « les mesures nutritionnelles ne doivent pas se substituer à l’observance du traitement de fond, mais viennent en complément de celui-ci, en permettant aussi une plus forte implication du patient dans sa prise en charge ».
Medscape du 23 mars 2023.