Sommeil bref à 50, 60 et 70 ans
Associé à un plus fort risque de multimorbidité ! // N° 127
Des durées brèves ou longues de sommeil sont associées à plusieurs maladies chroniques, notamment cardiovasculaires et cancéreuses. Mais leur association avec la multimorbidité a été peu étudiée. C’est pourquoi une équipe française de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université Paris Cité, en collaboration avec l’University College London (Angleterre) s’est intéressée aux données de la cohorte prospective Whitehall II, recueillies de 1985 à mars 2019, et ayant recruté plus de 10000 fonctionnaires du British civil service.
Les informations sur le sommeil (par autoévaluation) ont été enregistrées pour chaque participant à 50, 60 et 70 ans. La multimorbidité était définie comme le fait d’avoir au moins deux maladies chroniques.
Le nombre de participants sans multimorbidité à 50 ans s’est élevé à 7864 (32,5 % de femmes). Parmi eux, 6,9 % dormaient moins de 5 heures par nuit, 32,6 % six heures, 45,6 % sept heures, 13,9 % huit heures et 1 % neuf heures ou plus.
Les résultats ont montré qu’en comparaison de ceux qui dormaient 7 heures par nuit, les participants qui ne dormaient que 5 heures ou moins avaient un risque plus élevé d’apparition d’une morbimortalité à 50 ans (RR 0,95 [12-1,50] p <0,001) ; 60 ans (RR 1,32 [1,13-1,55] p <0,001) ; et 70 ans (RR 1,40 [1,16-1,68] p <0,001). Il en était de même pour les participants qui dormaient 9 heures ou plus à 60 ans (RR 1,54 [1,15-2,06] p=0,003) et 70 ans (RR 1,51 [1,10-1,51] p=0,01), mais pas à 50 ans (RR 1,39 [0,98-1,96] p=0,07). Selon les auteurs, il est vraisemblable que l’augmentation du risque de morbimortalité avec l’avancée en âge chez les gros dormeurs soit la conséquence des pathologies chroniques et non liée à la durée du sommeil.
Par ailleurs, sur 7217 participants sans pathologie chronique à 50 ans (suivis en moyenne pendant 25,2 ans), en comparaison de ceux qui dormaient 7 heures par nuit, il est remarqué que :
- ceux qui dormaient 5 heures ou moins avaient un risque plus élevé de développer une première maladie chronique (RR 1,20 [1,06-1,35] p=0,003) ;
- et ceux qui en avaient développé une, avaient un risque plus élevé de développer une multimorbidité (RR 1,21 [1,03-1,42] p=0,02) ;
Ces risques n’étaient pas retrouvés chez ceux qui dormaient neuf heures ou plus et aucune association n’a été trouvée entre durée de sommeil et mortalité parmi ceux ayant une maladie chronique à l’inclusion.
Medscape du 26 octobre 2022.