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Troponine haute sensibilité Pas toujours le meilleur biomarqueur ! // N° 143

 

 

Au cours des 2 dernières décennies, l’introduction des tests de haute sensibilité a permis de détecter des augmentations des taux de troponine cardiaque en deçà du seuil de détection des tests standards. Alors que plusieurs études ont démontré une corrélation entre des taux élevés de troponine haute sensibilité (hs-cTn) et le risque d’événements cardiovasculaires, ainsi qu’une mortalité accrue chez les patients souffrant de douleurs thoraciques ou d’insuffisance cardiaque, ces tests plus performants ont supplanté les tests conventionnels dans de nombreux contextes cliniques.

Les taux de troponine cardiaque sont également utilisés pour la stratification du risque chez les patients atteints d’embolie pulmonaire (EP). Cependant, les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) de 2019 n’indiquent pas clairement quel test doit être utilisé. Un groupe de chercheurs espagnols, en collaboration avec des collègues américains, a donc décidé de comparer la valeur clinique de la troponine cardiaque I haute sensibilité (hs-cTnl) à celle de la troponine cardiaque I conventionnelle (cTnl) dans le contexte de l’embolie pulmonaire.

Une analyse post hoc des données de l’étude PROTECT menée en Espagne a inclus 834 patients présentant une EP hémodynamiquement stable dont les taux de cTnI (valeur seuil >0,05 ng/ml) et de hs-cTnI (valeur seuil >0,029 ng/ml) étaient connus au moment du diagnostic d’EP. Parmi ces patients, 16,7 % présentaient des taux élevés de cTnI, tandis que 31,7 % avaient des taux élevés de hs-cTnI. Dans les 30 jours suivant le diagnostic, 7,4 % des patients ont eu une évolution compliquée, incluant un collapsus hémodynamique, une EP récidivante ou un décès. Si l’on considère l’augmentation des taux de troponine comme une variable binaire, des taux élevés de cTnI, mais pas de hs-cTnI, étaient associés à une probabilité plus importante d’avoir une évolution compliquée. Aucun des 125 patients présentant un taux élevé de hs-cTnI, mais un taux normal de cTnI, n’a connu une évolution compliquée.

En utilisant le système de classification de l’ESC, avec la hs-cTnI, le nombre de patients classés à faible risque était moins élevé que celui obtenu en utilisant la cTnI, avec 10 % d’entre eux classés à risque intermédiaire. Par ailleurs, aucun des 78 patients classés à faible risque avec la cTnI, mais pas avec la hsTnI, n’a connu une évolution compliquée.

Sur la base de ces résultats, les auteurs de l’étude concluent que le remplacement de la cTnI par la hs-cTnI entraîne une augmentation du nombre de patients présentant une élévation de la troponine, mais que cela ne semble pas améliorer l’évaluation pronostique.

Toutefois selon les experts, « les valeurs seuils de la hs-cTnI pour le diagnostic de l’infarctus du myocarde pourraient ne pas être applicables aux patients atteints d’EP ». Ils ajoutent que dans le cas de l’EP, « ces résultats suggèrent que la hs-cTnI a une spécificité plus faible que la cTnI pour identifier les patients présentant une EP à risque de complications ».

 

Medscape du 1er avril 2024.

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